Comment les humains ont-ils découvert que certaines plantes sont bénéfiques ?

Nos ancêtres ont pu découvrir les effets bénéfiques de certaines plantes en observant les comportements d’autres animaux. Avec le développement de ses capacités cognitives, l'Homme a sans doute appris à classifier les plantes thérapeutiques selon leur intérêt médical.

Dans les sociétés occidentales modernes, médecine et alimentation ont été longtemps séparées, mais elles sont encore très liées dans beaucoup de sociétés dites « traditionnelles ».

Certaines sociétés ont même expliqué utiliser des plantes médicinales après avoir observé des effets positifs chez les animaux. L'observation des primates nous aide ainsi à comprendre comment les Hommes ont pu découvrir l'intérêt de certains végétaux « bons pour la santé ».

Les chimpanzés utilisent parfois des plantes qui améliorent leur santé : ils ingurgitent des feuilles rugueuses pour enlever les parasites de leur tube digestif, avalent certaines plantes à activité anti-paludique, où nettoient leurs plaies avec d'autres.

Le goût, garant d'une bonne santé ?

Jeune chimpanzé mange dans un Ficus natalensis

Jeune chimpanzé mange dans un Ficus natalensis - Kibale National Park - Ouganda

© MNHN - J.-M. Krief

Dans la découverte des plantes bénéfiques, le goût a sans doute eu une importance primordiale. Généralement, ces végétaux ont un goût déplaisant, par exemple, les végétaux qui contiennent de la quinine, un anti-paludique sont très amers, ou les fruits riches en tanins sont astringents. C'est un signal qui indique aux chimpanzés de ne pas trop en consommer, car les molécules qui soignent sont toxiques à hautes doses !

Certains chercheurs pensent ainsi que le recours très fréquent aux épices dans la cuisine des pays chauds ne s'explique pas en premier lieu, pour leur saveur mais par le fait qu'elles empêchent le développement des bactéries dans les plats. Au-delà d'être un fait culturel, la cuisine épicée est également un moyen d'assurer la sécurité alimentaire.

Choisir quoi manger en fonction du groupe

Photo d'un bébé chimpanzé allongé le long d'un tronc avec une feuille dans la main gauche

Bébé chimpanzé

© photoloulou91 - stock.adobe.com

Chez les chimpanzés, l'émulation sociale est aussi importante dans la découverte d'intérêt médicinal de certaines plantes et pour dépasser la crainte de s'empoisonner avec une plante inconnue. Lors d'une épidémie, si un ou plusieurs individus d’un groupe mastiquent une écorce, ceux qui ne l'ont encore jamais goutée seront tentés de le faire et éprouveront peut-être une réduction de leurs maux en le faisant.

Avec le développement de ses capacités cognitives et la cuisson des aliments, l'Homme a amélioré les qualités gustatives et les propriétés énergétiques des aliments. En réduisant les risques d'intoxication, il a aussi diminué les propriétés médicinales de son régime alimentaire. Il a alors probablement appris à classifier les plantes selon leur intérêt médical en fonction des symptômes. Alors que chez les chimpanzés, la découverte des plantes thérapeutiques se fait soit individuellement soit par l'observation des congénères (automédication), chez nos ancêtres, un individu connaissant les vertus des plantes proposait certainement celles-ci aux malades.

Article rédigé en 2015. Sabrina Krief, Professeure au Muséum d’histoire naturelle (UMR 7206, Éco-anthropologie)

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